Hibou envoyé. Son message d’anniversaire était plutôt maladroit mais Raphaël avait décidé de l’envoyer tel quel sans le refaire. Au moins, c’était naturel, il n’avait pas triché. Il se gratta le crâne, naturel oui, mais c’était pas un peu ridicule comme message ? Trop tard, l’oiseau est parti, et puis c’est l’intention qui compte comme on dit… Il vérifiait dans son sac qu’il n’avait rien oublié, vêtement de rechanges, nécessaire de toilettes, au cas où il devait rester dormir et surtout… Les deux cadeaux prévus pour Nymphéa. Le premier avait un ruban blanc. C’était le cadeau qu’il lui offrirait quoi qu’il arrivait. Il pouvait l’assumer devant les amis de la jeune fille ainsi que sa famille, il n’y avait aucun quiproquo possible. L’autre en revanche, était largement plus ambiguë. Il ne l’offirait à Nymphéa que s’ils sont seuls et qu’ils ne risqueraient pas de se faire surprendre et surtout… C’est uniquement s’il se sentait prêt à lui révéler la nature de ses sentiments et s’il sentait que c’était réciproque. Parce que… Un preuve d’Amour avec un grand A, c’était bien mignon, c’était bien beau… Mais si les sentiments ne sont pas réciproques c’est un coup à gâcher un anniversaire ça… Tout était prêt dans son sac, il n’avait rien oublié. Il ne lui restait plus qu’à récupérer le gâteau qu’il avait commandé à la pâtisserie française où il achetait régulièrement des croissants. Il n’avait aucune idée de ce que valait leurs gâteaux mais leur croissants en tout cas étaient excellents ! Le jeune homme prit les transports moldus jusqu’à la boutique, il récupéra sa commande et remercia le vendeur.

«Ça c’est fait !»

Il ne lui restait plus qu’à se rendre chez les parents de son amie. Raphaël tapa l’adresse dans Google Map et calcula l’itinéraire le plus rapide pour y aller en transport. Ça allait être plutôt long, et il y avait plusieurs correspondances… En temps normal ça ne lui aurait pas posé de problèmes mais là, il avait un précieux colis à livrer… Il ne voulait pas que le dessert d’anniversaire ne s’abîme pendant le trajet. Il soupira et décida de prendre un taxi pour s’y rendre. C’était bien plus cher que les transports en commun mais au moins il ne risquait pas de détruire l’inestimable gâteau.

Le taxi le déposa à l’adresse qu’il avait indiqué au chauffeur. Par précaution, il n’avait pas voulu mettre l’adresse exacte de son amie et avait choisi quelque numéros de rue plus loin ; il paya et remercia le chauffeur. Il attendit que la voiture s’en aille pour se rendre à la bonne adresse. Raphaël était nerveux, il n’avait jamais vraiment participer à une fête d’anniversaire. Enfin, juste des trucs en petits comités mais pas de grandes fêtes avec pleins de gens qu’il ne connaissait pas. Est-ce qu’il allait le seul autre moldu présent parmi les invité ? Enfin, en excluant Charles, le père de Nymphéa. En tout cas il allait y avoir beaucoup de sorciers qu’il ne connaissait pas. Il n’était pas très à l’aise avec les inconnus, avec son métier, ou plutôt ses études,  il était obligé de soigner les apparences et d’avoir l’air détendu pour parler en public, mais intérieurement il était terrifié. L’autre soucis, c’était qu’en cette période de troubles, c’était peut-être pas une bonne idée de présenter un moldu inconnu à des sorciers…

«Au pire si ma présence dérange je partirai… »

Il sonna et la porte s’ouvrit. Les parents de Nymphéa l'accueillit ; ils n’avaient pas vraiment besoin de se présenter, car ils s’étaient déjà croisés au Square Grimmaurd, mais Raph le fit tout de même comme pour justifier sa présence et puis, au QG c’était pas la même ambiance, le même contexte. Il fut invité à entrer et le jeune homme remis le précieux gâteau encore dans sa boite d'emballage dans les mains compétentes des parents de son amie. D’autres invités étaient déjà présents et bien entendu il ne connaissait personne. Du moins c’est ce qu’il pensait avant d’apercevoir Amber. Par politesse, Raphaël n’aborda personne, pas même Amber. Il ne voulait pas déranger, son opération avec le frère d’Amber lui avait apprit que malgré ses bonnes intentions, des sorciers pouvaient être terrifié par sa simple existence de Moldu et il n’était pas là pour causer du tort à qui que ce soit. Maudit Blood Circle, même dans cet instant de joie et de fête ton influence se fait ressentir… Le Geek passa une grande partie de sa soirée à essayer de ne déranger personne, tout en se montrant sociable aux personnes qui cherchaient à échanger avec lui.

Manque de chance pour le Moldu, c’était Charles Mcleod qui était sa principale source de sociabilité pour la soirée. Au début le jeune homme était très mal à l’aise, c’est toujours gênant de parler en tête à tête avec les parents de ses amis, mais très rapidement il prit plaisir à la discussion. Visiblement Nymphéa avait parlé à son père du projet de tournage sur Eurydice que Raphaël faisait et pour le coup il y avait matière à parler pour les deux Moldus. Cependant, toutes les bonnes choses, aussi gênantes soient-elles, ont une fin et ils durent cesser leur discussion pour le moment que tout le monde attendait : legâteau et les bougies. Charles abandonna rapidement le jeune homme pour prendre l'une des meilleures places.

Tout le monde chantait. Certains avec moins de pudeur que d’autres. Raphaël aussi chantait, pas aussi fort que Charles ou que certains autre invités mais il essayait surtout de ne pas chanter trop faux à défaut de chanter fort. Avant de souffler ses bougies, Nymphéa vint chercher son cousin pour le ramener au plus proche d’elle, le jeune homme semblait gêné ce qui amusa beaucoup Raph. Par contre ce qui l’amusait beaucoup moins c’était quand Nymphéa lui sourit en l’invitant à se rapprocher lui aussi.

«Non non... C’est bon. Je suis bien là, j'ai pas besoin de bouger… »

Mais lorsqu’il comprit qu’elle ne soufflerait pas ses bougies tant qu’il n’avait pas bougié Oui le jeu de mot est honteux, il se décida à obéir en grognant dans sa barbe. D’un côté il se sentait honoré que son amie lui témoigne cette importance parmi tous ces invités, mais de l’autre… C’était gênant putain, les autres vont croire des choses… Mais est-ce que ça le dérangeait vraiment que les gens les imaginent ensemble ?

Le père de Nymphéa intima à sa fille de faire un vœu avant de souffler ses bougies. Raphaël observa la belle sorcière occupée à réfléchir. Il savait quel vœu elle allait faire… Et il était frustré de ne pas être parvenu à le réaliser pour ce jour… Faut dire que… Même si l’idée n’était pas idiote, il n’y croyait pas trop quand il avait tenté le coup. Mais ça aurait été tellement incroyable qu’il se pointe à l’anniversaire de son amie en compagnie de Hyacinthe. Elle aurait pu retrouver son frère. C’était idiot, mais quand il avait reconnu la vendeuse du Witches Bazaar à Square Grimmaurd, il s’était dit qu’il y avait quelque chose à tenter. Il avait comprit qu’elle était une sorcière et qu’elle s’y connaissait plus en divination que de ce qu’elle avait prétendu de prime abord en Juillet lors de leur première rencontre. Il pensait que cette femme aurait pu l’aider à retrouver Hyacinthe pour l’anniversaire de Nymphéa. Il avait déjà été retrouvé une première fois comme ça, pourquoi pas deux ? Et putain… Quel cadeau ça aurait été… Mais hélas, la voyante n'avait rien pu faire... Les bougies soufflées, le voeu était prononcé mentalement dans la tête de la jeune fille. Raphaël essayait d’applaudir plus fort que les autres tout en retenant ses larmes. Il regardait son amie et il pensait fort, très fort. T’en fais pas, tu le retrouveras… Joyeux Anniversaire Nymphéa...

Au moment de servir le gâteau aux invités, Charles mit un énorme coup de pression à Raphaël, lui expliquant que c’était la première fois qu’un gâteau était apporté par un invité pour l’anniversaire de Nymphéa, qu’en temps normal c’était Cho qui s’occupait du gâteau de sa fille mais qu'exceptionnellement ils se montraient magnanimes mais qu’ils espéraient ne pas être déçu.

«Euh… Je… J’espère aussi… Je l’ai pris à une boulangerie Française leur croissants sont super bons alors j’ai eu confiance en leurs pâtisseries»

Nymphéa prit aussitôt sa défense. Raph ne savait plus du tout où se mettre, la situation était extrêmement gênante. Bon ce n’était pas une vrai dispute, mais le fait que la jeune fille réagisse aussi rapidement pour contredire son père était particulièrement embarrassant. Le jeune homme rougissait avait soudain très chaud, tellement il avait honte, tandis que Nymphéa venait se placer entre Kun et lui et s’adressa à voix basse à Raphaël. Elle lui expliqua que son père était très gentil et que les deux moldus avaient des tas de points communs. Le Français s’en était rendu compte plus tôt effectivement. Il lui répondit à voix basse également.

«Oui, on a eu l’occasion de papoter un peu tout à l’heure. C’était génant au début, mais au final c’était super intéressant. Alors comme ça tu lui as parlé du tournage ?»

Raph eut un petit sourire malicieux. Il aimait bien savoir qu’on parlait de ses travaux, ça le valorisait. Il était bien plus surpris qu’il ne devait l’être, au final ça n’avait rien de choquant que Nymphéa parle des films que tournaient le jeune homme, après tout il fallait bien justifier comment ils s’étaient rencontrés. Toujours à voix basse, comme s’ils étaient complices, il ajouta :

«Faut que je t’avoue à un truc, je savais pas du tout à quoi m’attendre comme fête. Tu sais je connais pas encore trop les coutumes sorcières, j’avais peur d’être un peu perdu. Au fait tu as reçu le hibou que je t’ai envoyé avant de partir ?»

Raphaël regarda le plafond et les fenêtres, s’attendant à ce que le volatile ne débarque à tout moment pour apporter le message. Il commença à rire tout seul en s’imaginant l’oiseau arriver et regarder Raph en mode “Hey connard, tu te foutrais pas un peu de ma gueule ? T’aurais pu l’apporter toi même ta lettre. Y’a pas écrit pigeon sur mon front”

Raphaël n’aimait pas être le centre de l’attention. Enfin, si il aimait bien, quand il était avec des amis, qu’il connaissait tout le monde et que tout le monde riait à ses blagues, ça ne le dérangeait pas. Mais là il y avait beaucoup trop de gens qu’il ne connaissait pas, et puis il y avait les parents de son amie et surtout… Ce n’était pas sa fête à lui, ce n’était pas à lui de s’approprier l’attention. S’il avait su il n’aurait peut-être pas apporté ce gâteau ; il voulait simplement rendre son amie heureuse et non monopoliser l’attention. Alors que Charles le taquinait à propos du gâteau, le pauvre Moldu tentait de calmer le truc en précisant qu’il ne savait pas si le gâteau serait bon, se dédouanant totalement quelque soit le résultat, qu’il soit positif ou négatif. Il s’était juste contenté de commander un gâteau, c’était tout. Rien d’extraordinaire ! Sauf que Nymphéa n’était pas du tout de cet avis en clamant haut et fort à quel point il était modeste, tout en faisant des grands signes à Amber. Raphaël s'écrasait au fond de sa chaise, essayant de se faire le plus petit possible, plus jamais il n’apporterait de gâteaux à une fête ! Tout le monde fut servi et le jeune prit tout son temps pour manger, lui qui habituellement mangeait assez rapidement. Il était étonnamment concentré sur le dessert, n’osant pas regarder les autres invités. Il pensait que personne ne viendrait lui parler pendant qu’il profitait du gâteau, mais Nymphéa tentait d’expliquer au moldu que son père Charles était en fait quelqu’un de très gentil et qu’ils avaient tous deux des points communs, ce qui fit sourire Raph puisqu'il s’en était déjà rendu compte un peu avant. Ils discutèrent à voix basse, enfin Raphaël parlait à voix basse mais Nymphéa parlait parfois un peu plus fort ce qui fit réagir quelques personnes à la table, surtout les parents de la jeune fille qui se mirent à chuchoter en regardant leur fille et le jeune homme, tout en souriant. Puis Raphaël parla du hibou…

"Quel hibou ?" Visiblement elle ne l’avait pas encore reçu. Le français n’avait eut le temps de se demander si c’était une bonne ou une mauvaise chose que quelque chose surgit de la cheminée dans un vacarme épouvantable. Qu’est-ce que c’est qu'ce binz ? Ils étaient attaqués ? Certains invités avaient sorti leur baguette par réflexe jusqu’à ce que tout le monde comprenne qu’il s’agissait simplement d’un hibou. Et pas n’importe quel hibou… Il connaissait ce hibou… L’oiseau vint finalement se poser devant la vedette de la soirée et Madame Chang s’empara aussitôt du message, libérant le rapace qui repartit aussitôt. Nymphéa semblait avoir comprit que c’était le hibou envoyé par Raphaël, ou en tout cas qu'il lui était destiné à elle, et se leva en affirmant qu’elle en était le destinataire. De son côté le Moldu se ratatinait sur la chaise, n’osant plus parler et à peine respirer tandis que les parents de son amie lisait sa missive. Il était totalement rouge de honte surtout lorsque Charles se mit à rire en confirmant que le message était effectivement destiné à Nymphéa. Il n’était pas prêt d’utiliser à nouveau un hibou pour envoyer une lettre. Il nota bien ça dans ça tête : plus de hibou, plus de gâteau. Le père jeta un bref regard à Raph pendant qu’il remettait la missive à sa fille. À cet instant précis, plus rien n’avait plus d’importance que son assiette vide qu’il ne voulait quitter des yeux pour rien au moins, cherchant à tout prix à éviter de croiser le regard de qui que ce soit d’autre.

La grande star de la soirée vint finalement se rasseoir à sa place, en remerciant haut et fort le pauvre Raphaël pour sa lettre avant de le serrer très fort contre elle. Oh là là la honte qu’il se tapait encore. Pas qu’il n’appréciait pas l’étreinte de son amie. Bien au contraire, cela éveillait des sensations étranges et indescriptibles, comme s’il avait faim mais sans aucun appétit, comme si un immense frisson de chaleur parcourait toute l'étendue de son corps. Il aurait tellement voulu vivre cette scène en étant seuls avec Nymphéa, juste eux deux loin des autres, isolés. Le soucis c’était les autres. L’unique cause de sa gêne était la présence de la famille et des amis de sa Belle Sorcière qu’il ne connaissait que trop peu et qui devaient le juger au plus haut points. Ils devaient se demander qui était ce moldu qui attirait toute l’attention. Raph savait que les amis de Nymphéa étaient plutôt gentils, il avait parlé très brièvement à quelques uns d’entre eux pendant la soirée et les échanges s’étaient pas trop mal passés, bien que les sorciers restaient tout de même méfiant vis à vis du Moldu.

Nymphéa lui murmura quelque chose à l’oreille pendant leur étreinte. Sur le coup, un peu distrait il ne comprit pas le sens des paroles et un frisson lui parcourut l’échine au son du chuchotement de la jeune fille au creux de son oreille. Il capta enfin le sens des paroles, voilà qu’il se faisait sermonner, gentiment sur le fait d’avoir utilisé un hibou de l’ordre pour envoyer ce message. Il se libéra finalement, à contrecœur, de l’étreinte de la sorcière pour lui répondre à mi-voix.

«Oui… Je… J’avais précisé dans le Post Scriptum que je n’aurais pas dû. Mais c’était exceptionnel et compte bien sur moi pour que ça ne se reproduise plus jamais.»

Alors qu’il lui parlait, il prit soin d’admirer les traits de son visage. Il ne s’était jamais senti aussi proche d’elle ; sauf peut être le soir où ils avaient longuement discutés sur les quais de la Tamise, mais ce soir là il faisait trop sombre pour qu’il puisse la contempler. Elle avait du chocolat plein les lèvres et Raphaël rougit en s’imaginant l’essuyer doucement avec sa langue avant de l'embrasser à pleine bouche.

Il reprit rapidement ses esprits et s’adressa ensuite à Cho dans un sourire gêné, en prenant soin d’éviter de parler trop explicitement de Square Grimmaurd qui était tout de même censé être un endroit top secret.

«Excusez moi pour le désordre Madame Chang, je ne voulais pas créer de panique, je voulais simplement bien faire. » Il tenta d’ajouter avec humour «Je m’étais dit que c’était une information de la plus haute importance qui nécessitait l’usage d’un hibou.»

Il fallait voir le bon côté des choses… Le petit mot semblait avoir plu à Nymphéa. Il y avait eu plus de peur que de mal, et tout le monde rirait de cette scène pendant encore longtemps… Et surtout, c’était peut-être un détail pour tout le monde, mais pour Raphaël ça voulait dire beaucoup : l’oiseau ne l’avait pas jugé d’être arrivé avant lui. Voyant que certains le regardait comme s’il s’apprêtait à dire quelque chose d’autre d’important. Il prit son verre en main, se leva et clama haut et fort :

«À Nymphéa ! Et à cette nouvelle décennie dans laquelle elle entre.»

Quitte à être le sens de l’attention, autant que ça soit pour une bonne chose. Il se tourna vers Nymphéa et lui servit un large sourire. Après tout, c’est pour toi que nous sommes tous ici ma belle.

Nymphéa se confondit en excuses ; Raphaël pouvait lire la détresse dans son regard. Peut-être qu'il avait parlé de manière un peu sèche. C’était juste qu’il ne se sentait pas du tout à l’aise dans cette situation mais il n’avait jamais voulu que la jeune femme ne se sente agressée verbalement. Ce n'était pas à elle de s'excuser de lui rappeler que l'usage des hiboux de l'Ordre n'est que pour des cas de force majeure.

«Hey, sois pas désolée… C’est juste moi qui aurait du faire attention. Je savais que j’étais pas censé utilisez ces hiboux-là mais je voulais juste... » Il laissa sa phrase en suspens «Et puis je ne pensais pas que tes parents liraient ma lettre. »

Heureusement que ce n’était pas une lettre trop sentimentale, c’était déjà pas facile d’assumer que quelqu’un d'autre ne lise les mots qu’il avait écrits, alors que ce n’était qu’un simple message d’anniversaire, alors si ça avait été une déclaration d’amour lourde de sous-entendus et de messages personnels… Continuant leurs messes basses, Nymphéa s’interrogea de la date d’anniversaire de Raph qui lui apprit que c’était le 15 janvier, en début d’année donc. Le Moldu s’excusa ensuite officiellement et publiquement pour le dérangement occasionné ; il reçu de l'aide de Charles qui semblait glisser une anecdote secrète à l’oreille de Cho qui leva les yeux au ciel en souriant. Toujours debout, et voyant que plusieurs personnes avaient toujours les yeux rivés sur lui, Raphaël décida de porter un toast à Nymphéa, histoire de reporter l’attention sur elle ,mais surtout, loin de lui. Plusieurs personnes le suivirent dans son initiative, et bientôt un discours fut réclamé. Il ne savait pas si dieu protégeait la Reine, mais qu’il bénisse donc Monsieur Mcleod pour cette initiative ! Nymphéa, toujours assise, fit une courte déclaration dans laquelle elle annonçait qu’elle allait devenir journaliste et ouvrir son propre journal. Raphaël ne connaissait pas grand chose à la Presse sorcière ; il connaissait la Gazette du Sorcier, de nom et pour en avoir vu quelques exemplaires à Square Grimmaurd, mais il ignorait totalement s’il existait d’autres journaux sorciers, leur popularité ainsi que des sujets qu'il traitait. Connaissant son amie, elle voulait probablement se lancer dans des écrits sur des éventuels rapprochements entre Sorcier et Moldus  dans l'espoir qu"ils puissent coexister pacifiquement. Un peu comme Raphaël essayait de faire en publiant quelques trucs sur une chaîne YouTube, mais sans succès pour le moment.

Nymphéa applaudissait doucement tout en se levant de sa chaise. Pensant qu’elle demandait à son auditoire d’applaudir également, même s’il trouvait ça un peu bizarre, Raphaël joua le jeu et applaudit à son tour, rapidement suivi par quelques invités. Le père de Nymphéa invita ensuite tout le monde à se réunir dans le salon pour l’ouverture des cadeaux, tandis que Madame Chang débarrassait la table avec l’aide de la magie rapidement aidée, avec sa maladresse qu’on lui connaît, par Nymphéa. Mère et fille rejoignirent tout le monde dans le salon et la jeune Chang se plaça au milieu pour ouvrir ses cadeaux. Cadeaux qu’elle déballait à la main, sans utiliser la moindre magie. Quand il voyait les cadeaux des autres, Raphaël était un peu anxieux au sujet de son propre cadeau. Il le trouvait assez minable par rapport aux les objets magiques qu’elle avait reçu des autres invités. Elle venait de recevoir un assortiment de potion de la part de Julius, un jeune sorcier. Il les avait faites lui même ? Tandis que le Moldu s’interrogeait sur le contenu des flacons et sur l’utilité des différentes potions, Nymphéa s’empara du cadeau qu’il lui avait apporté. Le regard de son amie se porta aussitôt sur lui et il détourna légèrement le regard, n’osant pas voir sa réaction et se contenta d’observer l’emballage du cadeau qu’elle tenait dans les mains. Et si elle trouvait son cadeau nul ? Pire encore… Et s’il s’était trompé de cadeau ?! Non, c’était bien un Ruban Blanc normalement c’était le bon cadeau. Sauf s’il avait confondu les codes couleurs qu'il avait prévu, mais il ne les avait pas choisi pour rien, donc il ne devrait pas y avoir de problèmes. La belle Nymphéa se décida finalement à ouvrir le cadeau, dénouant délicatement le nœud formé par le ruban puis en déballant lentement le papier d’emballage en prenant soin de ne pas le déchirer, comme si c’était des feuilles d’or précieuses. Le moldu, lui, n’aurait jamais eu cette patience, il aurait arraché directement le papier à mains nues sans aucune élégance. Elle découvrit finalement une petite boîte en plastique noir rectangulaire avec un peu de tissu.

«Surpriiiiise ! Une petite boîte ! Tu peux y ranger tes plumes pour écrire, un peu comme une trousse ! »

Il n’avait pas pu s’en empêcher. Toujours plaisanter pour tenter de relâcher la pression. Et puis, en tentant de vendre un cadeau aussi naze, le véritable cadeau parraitrait moins nul au final. La sorcière ouvrit l’écrin pour y découvrir un petit bracelet. Il était composé d’une lanière en cuir rose avec une petite plaque en Argent, sur laquelle était gravé le prénom Nymphéa.

«La plaque est en Argent. Comme tu le sais, mes connaissances du monde sorcier sont assez limitées. J’ignore si les Loups-Garous existent vraiment, et s’ils sont aussi dangereux que dans les légendes Moldus. Mais dans nos fables, ils sont sensibles à l’argent. Je ne sais pas si c’est vrai, ou non, mais je me suis dit que si c’était vrai, ça pourrait peut-être te protéger un jour… » Se sentant un peu idiot avec son cadeau, il se baissa pour ramasser l’écrin du bracelet «Mais dans le pire des cas, dis toi qu’au moins : Tu as une super trousse pour tes plumes ! Tu en auras bien besoin pour créer ton journal non ? »

Raphaël sentait bien que son cadeau était moins bien que ceux des autres invités, mais il se dit que ça aurait pu être pire… Il aurait pu avoir offert son autre cadeau, celui qui était plus ambiguë et se taper la méga-honte devant tout le monde. Même si le bracelet en argent ne payait pas de mine par rapport à l’assortiment de potions, il avait cherché à faire un cadeau personnel, avec la véritable intention de faire plaisir. Il était juste déçu parce qu’il pensait que son cadeau serait vraiment incroyable mais au final il le trouvait terriblement médiocre et banal en comparaison des autres.

Pourvu qu'elle ne soit pas trop déçue et qu’il ait quand même un câlin de remerciement.

Bien entendu, tous avaient compris que l’écrin n’était pas le cadeau en lui même, mais seulement le contenant de ce dernier. Cela n’empêchait pas les parents de Nymphéa d’en profiter pour glisser quelques petites piques amicales en remerciant très sincèrement Raphaël d’offrir enfin à la jeune femme la possibilité de ranger tout son bordel. La belle sorcière se décida finalement à ouvrir la petite boîte pour en découvrir le contenu et elle ne put contenir sa surprise, puis sa joie. Ses joues commençaient à rosir puis elle se mit à pleurer, tout en arborant un large sourire. Des larmes de joies, pour un simple bracelet ? Même s’il était flatté, Raphaël était plutôt gêné et surtout il ne comprenait pas. Dans tous les cas, même si elle pleurait de bonheur, il n’avait jamais eu l’intention de la faire pleurer en public. Il tenta donc de lui changer les idées en lui expliquant pourquoi il avait choisi un bijou en Argent pendant que Maëlle, une des partenaires de Quidditch de Nymphéa avec qui il avait un peu échangé durant la soirée, aidait la jeune femme à attacher le bracelet sur son poignet gauche.

Les explications firent rire la belle asiatique qui remercia Raphaël avant de l’enlacer longuement. Il espérait bien recevoir un câlin, en remerciement comme tous les autres, mais il n’en demandait pas tant. Il pouvait ressentir le souffle chaud de son amie s’écraser tendrement sur sa peau. Il ne put contenir son rythme cardiaque qui s'accélérait, puis s’arrêtait avant de s'emballer à nouveau dans un rythme irrégulier, il tenta de contrôler sa respiration, pour essayer d’avoir l’air plus détendu qu'il ne l'était, mais il sentait bien qu’il avait chaud aux joues. Il caressa timidement le dos de Nymphéa sans savoir s’il le faisait pour profiter de ce moment d’intimité, ou si, au contraire, c’était pour rappeler à son amie qu’ils n’étaient pas seuls. Il était à deux doigts de lui murmurer à l’oreille qu’il avait un autre cadeau à lui donner s’ils pouvaient se retrouver seuls, mais il trouvait que ça sonnait pervers et, surtout, leur étreinte prit finalement fin. La sorcière remercia à nouveau Raphaël avant de lui confirmer l'existence des Loups Garous, mais qu’ils étaient plutôt rares, fait immédiatement confirmé par Madame Chang.

«J’ignorais tout ça. Je veux dire, chez les Moldus, les Loup-garous sont très présents dans des séries, des livres ou mêmes des jeux vidéos, mais ce ne sont ques des fictions, visiblements basées sur des légendes plus ou moins réelles je suppose. Y’a tellement de choses que je ne connais pas sur le monde magique, même si dans cette guerre contre le Blood Circle, j’essaye de faire de mon mieux pour aider les sorciers. Votre monde est encore rempli de mystère.

Tandis qu’il parlait, il prit un bonbon qui était dans une assiette prévu à cet effet, du coin de l’oeil il en choisit un vert en se disant qu’il serait soit à la pomme, soit à la menthe.

«Et du coup, le dernier Lycanthrope agressif daterait de l’époque du règne de Voldem… » Il venait de croquer dans la dragée et il fut surpris par le goût de cette dernière. Il s’attendait au goût sucré et un peu acide d’une pomme ou alors mêlé à la fraîcheur de la menthe ; mais là il n’y avait aucune saveur sucré, juste un goût nauséabond et amer dans la bouche. Il tenta de reprendre la conversation, grimaçant à cause de cette impression d’avoir croqué dans un chou de bruxelles cru. Il se racla la gorge avant de s’étonner qu’il n’y ait pas de Lycanthropes violents sur ces vingt dernières années. «Je me demande comment ils font pour empêcher leur forme animale de tout détruire pendant la pleine lune… Ça doit être compliqué pour eux de gérer ce monstre qui les habite… »

Personne n’avait la réponse à cette question, ou alors personne ne voulait y répondre. Entre temps Cho avait quitté la pièce et revint au moment où Charles se racla la gorge pour attirer l’attention. Raphaël n’avait rien vu de l’attitude de Kun, ni les tentatives de Nymphéa pour le faire sourire. Il se servit un verre de jus de fruit pour faire passer le goût immonde du bonbon pendant que Nymphéa ouvrait son ultime cadeau, visiblement offert par sa famille. La boisson avait un goût assez surprenant, à la fois doux et très légèrement sucré ; même s’il ne savait pas que c’était, la boisson faisait merveilleusement passer le goût de l'infâme dragée. Il reprit place dans le cercle pour voir le cadeau de Nymphéa. Un balai ! Il voulait se retenir… Mais c’était trop fort pour lui, et la perche était tellement tentante…

«En temps que Moldu, je trouve ça particulièrement sexiste d’offrir un balai à une jeune femme pour ses vingt ans ! À moins que ça ne fasse écho au désordre dans ta chambre ? » Voyant la tête ahurie de certains invités qui le regardait comme s’il était le dernier des abrutis, il se mit à rire «Pardon, pardon. Je plaisantais ! Bien sûr que je sais que c’est un balai volant, et pas un accessoire ménager ! Je ne suis pas à ce point ignare.»

Surtout que Nymphéa lui parlait souvent de Quidditch. C’était presque du harcèlement ! Quidditch Quidditch ! Souafle, Cognard, Balai ! Cela dit, ça ne dérangeait pas le jeune homme, au contraire il rêvait d'en apprendre d'avantage sur le monde de son amie. Et elle, elle se lamentait que Raph ne puisse pas connaître de telles sensations. Le geek, lui, l’embêtait sans cesse en lui parlant de tel ou tel jeu et il ne ressentait pas la même frustration que la sorcière. S’il voulait la faire jouer à un jeu pour essayer, elle pouvait le faire. Hey ! C’était une idée de vidéo ça ! Il pourrait faire un genre de reportage sur le Quidditch pour faire découvrir ce sport aux moldus, afin de montrer que les sorcier avaient leur Football à eux et qu’ils n'étaient donc pas si différent des Moldus !

Une fois encore, Nymphéa faisait une preuve de compréhension et d’ouverture d’esprit envers ceux qui étaient différents d’elle. C’était vrai que Raphaël n’avait pas forcément besoin de se justifier, que c’était normal qu’il ne connaisse pas grand chose du monde des sorcier étant donné que six mois plus tôt il n’y connaissait absolument rien, si ce n’était les calomnies que le gouvernement balançait à la population pour nourrir la haine. Mais Raphaël évoluait beaucoup sur des mondes virtuels, dans des jeux en ligne. Certains jeux étaient plutôt élitistes et on exigeait à ses partenaires de jeux d’être infaillibles, ou du moins d’être le moins ignorant possible. être un “N00B” inculte était souvent impardonnable, et même lui, il lui était déjà arrivé de blâmer un joueur qui n’appliquait pas correctement une stratégie sur un boss lors d’un donjon dans un MMORPG. C’était pour cela qu’il tenait à montrer sa volonté d’apprendre. Lorsque Nymphéa lui proposa de lui faire découvrir le monde sorcier il se contenta de répondre.

«Merci, c’est gentil de ta part.»

Il baissa ensuite la tête, un peu gêné à cause d’une pensée qui lui traversa l’esprit. Tout lui montrer ? Il s’imagina la belle asiatique se dévêtir, prête à tout lui montrer, y compris le corps nu d’une sorcière, pour lui prouver que Sorcier et Moldus étaient pareils. Il secoua négativement la tête pour chasser ces pensées. Raph, tu n’es qu’un obsédé ! Il entendit vaguement son amie argumenter sur le fait que les sorciers, quant à eux, ne connaissaient pas forcément grand chose du monde Moldu. Elle essayait de prendre ses amis à témoin pour pouvoir appuyer ses propos.

«Oui t’inqui… »

Elle le coupa net en disant que de toutes façons, on s’en fichait, si on ne savait pas il suffisait de demander comme ça plus de problème d’ignorance. Cho Chang fit son intervention pour mettre les choses aux clair à propos des Loups Garous tandis que Raph goûtait un bonbon au chou de Bruxelles tout en écoutant et en répondant à la sorcière. Les parents de Nymphéa lui apportèrent finalement son dernier cadeau, qui s’avérait être un balai volant, et Raphaël ne pu s’empêcher de saisir la perche qu’on lui tendait et de faire sa blague tellement prévisible. Comme pour le punir son amie demanda à ce qu’on apporte un balai pour le ménage au Moldu. Le jeune homme se mit à rire à son tour pendant qu’il se faisait boxer amicalement par Nymphéa et lorsque Charles lui tendit un balai il ne trouva rien de mieux à répliquer que :

«De toutes façons, que ça soit pour le ménage ou pour voler, la seule utilité que moi je peux en faire, c’est celle-ci»

Il se mit à balayer maladroitement le sol pour imager ses paroles.

«Vous n’avez pas plutôt des aspirateurs volant ?»

Tout le monde riait, même Madame Chang qui prit finalement la parole pour offrir des bonbons à tout le monde. Nymphéa interpella le jeune homme en lui demandant sur quel goût il était tombé un peu plus tôt.

«Ah… C’était donc ça… Pas fameux. C’était...  Goût pas bon je crois.» Lorsqu’elle lui expliqua les différents goûts il se corrigea «Finalement… Je crois que même en tombant mal, j’étais pas si mal tombé. Ça avait un goût de truc comestible quand même. Ça devait être du chou cru. C'était pas bon, mais c'était pas de la poubelle. »

La sorcière lui donna un petit sachet en lui expliquant qu’il n’y avait jamais deux dragées au mauvais goût de suite.

«Je me méfie de ce genre de statistiques… Je ne me sens pas d’en manger dix ce soir, mais je garde le sachet pour le jour où je voudrais jouer à la roulette russe. Par contre, je vais quand même retenter l’expérience pour te prouver que tu as tort ! »

Il prit une dragée dans le contenant où il en avait déjà pris une plus tôt. Sachant à quoi il pouvait s’attendre, il sentit sa main trembler au moment d’en prendre une. Il ferma les yeux, pour ne pas se laisser influencer par la couleur ; c’était ça qui avait empiré les choses pour celle d’avant : il s’était attendu à ressentir le goût de la menthe ou de la pomme était tombé sur une autre chose totalement. Cette fois-ci, il s’y prit autrement, il s’imaginait le goût de vomi dans la bouche tout en se rappelant le relent des odeurs des poubelles lors des chaudes journées d’été. Tout son corps se crispa lorsqu’il se décida enfin à mordre et il se détendit immédiatement quand il sentit un goût sucré. Il rouvrit les yeux.

«Okay, cette fois ça passe ! Mais cela ne prouve rien.»

Il faisait le modeste, mais un bonbon au gâteau, même si c’était un peu inhabituel, c’était bien meilleur que de manger des poubelles.

«Tarte aux fruits, c’est possible comme goût ?»

Il récupéra un morceau de bonbon dans sa bouche pour regarder la couleur avant de le remettre et d’ajouter en riant :

«Je dirais même Myrtille du coup. »

Raphaël regarda le nouveau balai flambant neuf de Nymphéa et il s’interrogea.

«Dis moi... Tu vas pouvoir essayer ton balai quand ?»

Elle ne pouvait pas voler comme ça dans le jardin, tout de même. Les voisins pourraient la voir. A moins qu’il n'existe des enchantement pour permettre de la masquer, comme un genre de brume magique qui empêchait les Moldus de voir des activités magiques. La Brume, c’était un stratagème utilisé dans un JDR auquel il avait participé il y a longtemps, bon, c’était pas vraiment le même contexte, mais le concept au final ressemblait étrangement à la situation.

N’empêche, ça devait être frustrant de recevoir un super cadeau, et de ne pas pouvoir l’utiliser de suite

Nymphéa n’avait pas tort, il y avait déjà des aspirateurs automatique chez les Moldus, pas besoin de magie. Les aspirateurs volants était peut-être la prochaine étape dans l’évolution des appareils ménagers ? Cho et sa fille distribuèrent ensuite les paquets de Dragées Surprises aux différents invités et Raphaël se laissa convaincre par son amie d’en goûter une deuxième, après son fiasco avec la dragée au chou de BruxelleS. La sorcière tenta également le sort et fourra un bonbon dans sa bouche. Tandis que le Moldu s’attendait à une explosion des pire saveur dans sa bouche, il observait la réaction de Nymphéa, en espérant qu’elle tombe sur quelque chose de dégoûtant pour la punir de son optimisme gustatif. Il fut soulagé de tomber sur le goût de la tarte à la myrtilles, mais également déçu de constater que Nymphéa ne grimaçait pas à cause du goût de son bonbon. Chanceuse ! En tout cas, elle avait effectivement raison pour cette fois : il n’était pas tombé deux fois de suite sur un truc pas bon, mais une fois n’était pas coutume et ça ne prouvait pas forcément que la règle était juste. Nymphéa se vantait, triomphante, d’avoir eu une dragée à la fraise. La bonne humeur de la jeune femme étant contagieuse, Raphaël sourit à son amie.

«Bon… Étrangement, je n’ai pas trop envie de recommencer. J’vais rester sur un truc bien !»

Il enchaîna en lui demandant quand est-ce qu’elle pourrait essayer son nouveau balai. Le jeune homme trouvait ça fascinant de pouvoir voler sur un simple balai. Enfin, pas vraiment un “simple” balai parce que ce n’était pas des balais ordinaires, c’était un genre de technologie sorcière, mêlé à de la magie… En fait, il n’avait aucune idée, même approximative, de comment étaient fabriqués ces objets. Nymphéa n’eut pas le temps de répondre que son père expliqua que des “portoloins” avaient été préparés pour qu’elle puisse utiliser son nouveau jouet. Ouais je sais c’est pas un jouet, mais je voulais pas répéter une fois de plus le mot balai et Raph ne sait pas ce qu’est un Nimbus --” Le français assista ensuite silencieusement à l’échange entre son amie et ses parents, ne comprenant pas tout. Il ne voyait pas comment son amie pouvait sourire à la fin de la discussion. Ses parents ne venaient pas de lui dire qu’elle pouvait essayer son balai, puis finalement non ? Il ne comprenait rien… Et puisque, comme elle l’avait dit un peu plus tôt, quand on ne savait pas il suffisait de demander…

«C’est quoi un Portoloin ?»

Certains invités commençaient déjà à partir, et Nymphéa annonça que ceux qui le souhaitaient pouvaient utiliser de la poudre de cheminette pour rentrer. Poudre de cheminette ? Il demanda donc à son amie, avec un air mi gêné, mi amusé… Il avait l'impression d'être un môme qui demandait tout à sa grande sœur.

«… C’est quoi de la Poudre de Cheminette ?»

C’était donc le moment de se quitter… Il avait toujours le deuxième cadeau dans son sac, il n’avait pas trouvé d’occasions pour offrir à son amie. Est-ce qu’il devait lui offrir juste avant de partir, et ainsi en profiter pour fuir sans lui laisser le temps de réagir, sans qu’il ne puisse voir sa réaction au cas où elle serait négative ? Non, c’était idiot. Ce n’était juste pas le bon jour pour ce genre de confidences. Cela dit… Existait-il vraiment un jour meilleur qu’un autre pour ça ? Oui… Assurément en fait. On fait pas ce genre d’aveux devant tout le monde, c’était gênant pour les deux personnes. Il fallait une ambiance plus… Intime voire romantique. En fait Raphaël n’en avait aucune idée… Il n'y connaissait rien... Dans les livres, dans les jeux dans les films… Y’a toujours un super moment pour ça ! Pourquoi c’était pas aussi simple pour lui ?!

«Bon, bah je ne vais pas tarder non plus du coup ! J’ai un peu de route »

Il avait quelques correspondances à prendre pour pouvoir rentrer. Il ne fallait pas qu’il traîne s’il voulait pouvoir les prendre et surtout il voulait éviter de reprendre un taxi pour le retour.

Lorsqu’il demanda ce qu’était un portoloin, elle se contenta de lui sourire avant de se tourner à nouveau vers ses parents. D’accord… Très bien… Mais… Du coup c’est quoi un Portoloin ? Certains invités commencèrent déjà à partir, et Nymphéa leur indiqua qu’ils pouvaient utiliser de la poudre de cheminette. Raphaël était quand même un peu gêné de poser toutes ces questions. Ils parlaient de poudre de cheminette et de portoloins de manière tellement naturelle qu’il comprenait que c’était trucs tout ce qu’il y avait de plus normaux pour eux. C’était aussi frustrant qu’amusant de poser toutes ses questions ; même s’il savait que ça ne dérangeait pas Nymphéa, qu’est-ce que ses amis et sa famille pouvaient bien penser de lui ? Cette fois, elle put lui répondre en lui expliquant grossièrement comment ça fonctionnait, tout en lui montrant les invités l’utiliser. Il pouvait voir les invités entrer un par un dans la cheminée.

«Mais… Ils ne se brûlent pas ?»

Il n’était pas du genre à avoir peur du feu, mais quand même… Le feu ça brûle ! C’était… C’était… C’était fascinant !

«Trop cool !»

La Magie c’était génial quand même. Même si les sorciers avaient des bonbons un peu étranges… Il annonça qu’il n’allait pas tarder non plus et Nymphéa fit remarquer qu'il était tard et qu’effectivement, sa maison n’était probablement pas reliée au réseau de cheminée.

«Ah oui non… Et puis bon, j’ai pas trop envie de vérifier si ça marche avec les moldus… Tu sais brûler vif, tout ça. À moins que ça soit une tentative de vengeance pour ce que les Moldus ont fait aux sorcières au moyen-âge» Et pas qu’au Moyen-âge… «Mais sinon, t’en fais pas, il n’est pas si tard que ça, j’ai encore des transports et puis en ville, on n’est jamais perdu.»

Nymphéa lui proposa de rester dormir. Une chambre d’ami ? Une vrai chambre d’amis, ou la chambre de Hyacinthe qui a été réaménagée ? Raph balaya la question… C’était sans importance. Il avait effectivement prévu des affaires de rechange au cas où la fête durait un peu trop longtemps et si certains invités restaient dormir. Mais s’il n’y avait que lui, c’était un peu embarassant. Nymphéa lui prit les mains, tout en demandant à son père l’autorisation pour qu’il reste. Houlà, ça prenait une tournure beaucoup trop gênante là. Si c’était les parents de Nymphéa qui proposaient d’eux même que Raphaël reste, il aurait peut-être accepté mais là… C’était comme si elle leur forçait la main et il ne voulait surtout pas s’incruster. Avant qu’il ne puisse réagir, Charles répondit qu’il n’y voyait pas de problème, du moment qu’il n’utilisait pas la chambre de Nymphéa. Raphaël se rappela de sa rencontre avec Hyacinthe, ce dernier était surpris que la collocation soit mixte et avait même fait remarquer au français qu’il avait de la chance d’avoir des parents cools qui lui permettaient de les laisser faire ça, précisant que les siens ne l'accepteraient sans doute pas. Il avait énormément jugé les parents Chang sur le coup, en se disant qu’ils toléraient le look extravagant de l’asiatique et le fait qu’il fume, mais qu’en revanche ils pouvaient refuser que leur enfants intègrent des dortoirs mixtes. Bien sûr, entre temps il avait compris que Charles et Cho n’étaient pas sévère pour être sévère, mais qu’ils cherchaient juste à protéger leurs enfants.

«Je… Ce… Il n’y a pas de soucis, je peux rentrer. Mais c’est gentil d’avoir proposé, merci.»

La remarque du père de son amie le mit quand même mal à l’aise. Il n’avait rien demandé ! Et puis, même s’il partageait la chambre de Nymphéa, ils n’auraient certainement pas partagé le même lit ! Il aurait dormi par terre, sur un matelas, et ils auraient surement passé toute la nuit à discuter et dire des bêtises. Après réflexion, c’était peut-être pas plus mal que ça ne se passe pas ainsi, il n’aurait pas dormi de la nuit, et ça allait être la galère pour qu’il fasse ses valises le lendemain, pour prendre le train du samedi soir jusque chez sa famille en France. Nymphéa semblait tout aussi mal à l’aise que lui par la remarque de son père, elle lâcha les main de Raphaël et commença à jouer avec ses cheveux. Raphaël avait vu plus tôt dans la soirée qu’elle avait maintenant quelques mèches rouges, mais il n’avait pas trouvé de moment opportun pour lui dire qu’il trouvait ça cool, et vraisemblablement, c’était toujours pas le bon moment… Est-ce qu’elle allait croire qu’il n’avait pas vu ? Est-ce qu’elle allait se faire toute la tête pour être sûre qu’il s’en rende compte ? Elle changea très rapidement de sujet, en répondant à la question de Raph sur les portoloins. Pourquoi en reparler maintenant ? Changer de sujet rendait le sujet initial encore plus gênant ! Est-ce que… Elle voulait vraiment que Raphaël reste ? Non… Bien sûr que non. Enfin si, mais pas comme son père le sous-entendait, c’était évident. Enfin peut-être pas si évident… Mais… Non… Stop… PAUSE. Il devait y repenser plus tard, là ce n’était pas le moment ! Il écouta calmement les explications de Nymphéa sur les portoloins.

«Donc si je comprends bien… Ce sont des… Déchets qui traînent dans la nature et qui transporte toute personne qui les touche… » Il commença à avoir un fou rire… «Pardon… Mais… » Il commençait à avoir du mal à respirer à force de rire «Je devrais pas en rire mais… Je suis… Je suis en train d’imaginer… Un pauvre gars… qui…» Il tenta de reprendre son sérieux, les larmes aux yeux « Un pauvre gars qui décide de ramasser les ordures en pleine nature et en ramassant une pauvre canette se retrouve téléporté il ne sait où… »

Il reprit le contrôle de sa respiration.

«Encore désolé… C’est juste trop bête comme situation… »

Le pire c’est que Raph était persuadé que ça s’était déjà produit. Ça s’était forcément déjà produit.

«Sinon, merci pour l’offre de rester, mais ça sera pour une autre fois peut-être. Mais demain je dois préparer mes valises pour rentrer chez mes parents, puis prendre le train… Bref, j’veux m’y prendre assez tôt. Merci beaucoup pour cette après-midi et cette soirée ! Je me suis beaucoup amusé !»

Dans l’ensemble, c’était plutôt vrai, même si c’était pas tout à fait pour cette raison qu’il refusait l’invitation. Il aurait aimé se dire qu’il ne voulait pas d’ambiguïté dans la nature de sa relation avec Nymphéa… Mais il n’en était pas tout à fait persuadé lui même. Non, c’était juste que la situation avait prit une tournure gênante pour ce soir. Même s’il aimerait peut-être que Nymphéa soit plus qu’une amie, elle restait avant tout son amie et…

Oh non… Ça recommence comme avant ! Non. Pas tout à fait comme avant… Il n’y avait pas Samuel dans l’équation cette fois !